Sapa est l’un des endroits les plus touristiques du Nord Vietnam. Sortir des sentiers battus peut s’avérer difficile lorsqu’on prépare son voyage. Dormir chez l’habitant pour découvrir ses rizières en terrasse favorites et partager des moments avec sa famille vous feront vivre une expérience unique. 

Au Vietnam, il est très facile de rencontrer des locaux. Pour des logements authentiques, il suffit de cibler les « homestays » (logements accueillant des voyageurs tenus par une famille vietnamienne) et faire le tri entre ceux qui se sont un peu trop adapté au style occidental et ceux qui paraissent encore à taille humaine et n’ont pas dénaturé leur logement initial.

Nous avons longtemps hésité à aller à Sapa. Les paysages de rizières en terrasse avaient l’air magiques mais il y avait beaucoup de mauvais avis sur le sur-tourisme. Cependant, début mai, dans le Nord du Vietnam, c’était là qu’on aurait le plus de chance de voir les rizières à la fois en eau et commençant à pousser. On y cherchait alors une expérience un peu hors des sentiers battus en dormant chez l’habitant dans la montagne et non dans le centre ville de Sapa (on y reviendra…).
Toute proportion gardée sur le « hors des sentiers battus« . On se doute bien qu’à chaque nouveaux visiteurs, l’expérience proposée est la même mais les émotions et échanges sont sûrement différents à chaque fois.

Contrairement aux autres homestays qu’on a réservé sur Booking, pour dormir chez l’habitant dans les montagnes, on passe par Whatsapp. On s’est appuyées sur les recommandations sur le groupe FB des francophones au Vietnam et le bouche-à-oreille personnel pour contacter différents guides/hôtes. Les échanges se font par des vocaux car les hôtes parlent plutôt bien anglais mais ne l’écrivent pas. Chacun propose son programme, plus ou moins bien rodé et son tarif. On opte pour  Mama Sapa sur les conseils d’une copine de mon amie qui avait déjà dormi chez elle il y a quelques années. Elle parle un peu anglais, son programme a l’air chouette, sans être digne d’une agence touristique. Le bon équilibre qu’on cherche.
Si ça vous rassure, il y a des guides francophones comme Tran de Happy Family hôtel Sapa. Son programme avait l’air vraiment carré, peut-être un peu trop pour nous. On n’avait pas envie de se retrouver avec d’autres francophones dès nos premières 24h au Vietnam. Toutefois, pour un autre séjour, ça peut être une bonne option pour être sures de bien comprendre la culture et les enjeux de là où on se trouve.

Trek et nuit chez l’habitant à Sa Pa

Réveil 5h pour prendre le bus pour Sa Pa depuis Hanoï. Ca ne fait même pas 24h qu’on a atterri. On se rend vite compte qu’ici il ne faut pas stresser pour le bus. Ce n’est pas l’heure prévue ni la compagnie de bus prévue, mais on fini bien dans un bus couchette, pour faire un petit somme et admirer la campagne puis les montagnes vietnamiennes qui défilent sous nos yeux. 4-5h plus tard, nous voila à Sa Pa. 

Mama Sapa nous attend à l’arrêt de bus avec son mari. C’est une Hmong, l’une des ethnies du nord du Vietnam. Les premiers Hmong sont venus de Chine jusqu’au Vietnam il y a à peu près 300 ans. La frontière de la Chine n’est pas très loin de Sapa. Les Hmong sont parmi les meilleurs agriculteurs des montagnes vietnamiennes. On distingue 7 grands groupes chez les Hmong dont les Hmong Noir. Mama Sapa en fait partie. Orinaire de Sa Pa, elle a appris l’anglais grâce aux touristes. 

Région montagneuse, Sapa est connue pour être régulièrement sous le brouillard. On confirme. Nous arrivons sous une brume qui fait qu’on ne peut pas lâcher Mama Sapa de quelques mètres, sinon on est perdues. On espère fort qu’on aura de la visibilité demain mais pour cet après-midi, ça crée une ambiance mystique incroyable. Un peu comme notre aventure brumeuse à Preikestolen en Norvège 

Mama Sapa nous fait regagner sa maison par la montagne avec un dénivelé assez rude. Heureusement, on est en descente. On passe par les champs de riz, de maïs. On croise d’autres Hmong qui travaillent. Ils ne parlent pas anglais du tout mais le sourire est communicatif. Mama Sapa nous parle des plantes comme l’indigo qui sert à colorer leurs tenues traditionnelles Hmong Noir. Ou encore la plante à large feuille qui permettait aux amoureux d’émettre un son avec et selon le sifflement, c’était un code pour donner rdv à telle heure et tel endroit. On a essayé. Pas un sifflement n’est sorti. Heureusement qu’on est nées à l’invention des téléphones ! 

9km plus tard, nous voilà chez Mama Sapa juste avant la tombée de la nuit. Le dîner commence à se préparer. Le soja est  en train de bouillir, Mama prépare les nems, les enfants passent un à un nous dire bonjour. Dans la maison, on devine la fonction de chaque espace. Le confort est vraiment très sommaire, mais c’est quelque chose de répandu dans le pays, même en ville. On sent que tout l’effort est mis pour accueillir les voyageurs mais eux n’ont jamais de canapé moelleux ou autre mobilier pour se poser.
On enchaîne les sourires mi-gênés, mi vraiment heureux d’être là. On ne sait pas vraiment où se mettre. On ne veut pas gêner et personne n’accepte notre aide. Alors on continue à enchaîner les sourires, la meilleure des communications. En quelques minutes, on fait partie de la famille.

Nous dînons ensemble leur repas habituel (en précisant qu’on n’était pas obligées de goûter à l’estomac de porc 🙂). C’est savoureux, copieux, et surtout tellement chaleureux. Ce soir-là, des femmes Hmong Blanc se joignent au repas. Elles logent également chez Mama car il n’y a plus de travail dans leur région (Mu Chai) en cette période et elles travaillent dans les rizières de Sapa pour se faire un peu d’argent. Leurs tenues different. Elles ont un peu plus de bleu. Leur dialecte est également différent mais elles semblent bien papoter avec Mama. C’est un peu frustrant de ne rien comprendre mais le moment est tout de même incroyable à vivre. 

 

On passe ensuite à une autre tradition, pas seulement Hmong mais bien vietnamienne du Nord : l’happy water. L’alcool de riz maison. Que Mama et son amie ne semblent jamais (ja-mais) vouloir arrêter de nous servir ! De quoi nous détendre pour le karaoké, autre très grosse passion dans le pays. Même pas 48h que nous avons atterri. L’immersion est réussie ! 

Le lendemain, Mama Sapa nous confie à Papa Sapa pour le trek du jour. Après un excellent petit déjeuner avec vue (parce que ouiiiiii, le brouillard est parti), nous suivons Papa Sapa, vêtu comme s’il allait chercher le pain au village. On se dit que la rando sera facile. Ne JAMAIS se fier aux vietnamiens du Nord. Ces personnes sont sur humaines (enfin, c’est surtout nous qui sommes de grands fragiles), grimpent les montagnes au dénivelé bien costaud en tongs et petit polo alors que nous suons et suffoquons derrière lui. D’ailleurs, sachez qu’on ne vous demandera jamais votre niveau physique lorsque vous réserverez un trek au Vietnam. Forcément le dénivelé sera costaud, la chaleur sera très souvent accablante. A vous d’être conscient.e de votre niveau de randonnée et de bien vous équiper. 

17km dans la montagne à admirer les rizières en terrasse. Certaines parties sont en eau, d’autres commencent à pousser, d’autres sont bien vertes. C’est une bonne période pour admirer les rizières de Sapa. Juin doit être encore mieux mais attention à la chaleur. Papa Sapa parle peu anglais. C’est assez frustrant de ne pas pouvoir avoir toutes les réponses à nos questions mais il connaît les plus beaux endroits, le bon timing pour arriver lorsque les quelques touristes sont partis et c’est le principal. 

Après un déjeuner dans un restaurant du coin, on regagne le homestay pour une petite pause. On y croise un canadien et trois espagnols. Ils dormiront à leur tour ici ce soir. On se sent chanceuse de n’avoir été que toutes les deux la nuit précédente. L’expérience que nous avons vécue nous semble vraiment unique.
Les au revoir sont émouvants. On repart avec un bracelet brodé en souvenir. Il ne me quitte pas depuis.

Sa Pa, côté ville

Après une vingtaine de minutes sur une route magnifique, en moto avec papa Sapa et un ami à lui, nous arrivons dans le centre ville de Sa Pa où nous avons réservé un hôtel. Nous partons tôt le lendemain et voulons nous rapprocher de la gare routière. Arrivées en fin d’après-midi, on part en repérage pour savoir où prendre le bus le lendemain. Début d’une soirée de galère.

Le brouillard est de retour. La ville paraît surréaliste avec tous ses éclairages. Un genre de Disney des enseignes lumineuses. En même temps, bien obligé car si ce brouillon est régulier, c’est le seul moyen de se faire remarquer en tant que magasin ou restaurant & d’éclairer la ville. Ça crée une ambiance assez dingue.
C’est peut-être parce que notre soirée & choix d’hôtel a été un fail, mais honnêtement la ville n’a pas de grand intérêt à part pouvoir arriver et repartir en bus. Les restaurants font assez attrape touristes. On vous demande si vous voulez un massage tous les 30 mètres. Le marché de nuit est pas mal. Le lac, on ne l’a pas vu car il faisait nuit noire. Les plus authentiques expériences de Sa Pa se font dans les homestays dans les montagnes chez les locaux !
Ps : ne logez surtout pas au Beautiful Sapa Hôtel, qui n’a rien de Beautiful et agréable 🙂 

Malgré une soirée pas dingue dans le centre ville et une nuit sans sommeil (encore une au Vietnam!), on repart d’ici le coeur tellement adoucit par ses 24h avec Mama Sapa et sa famille. C’était peut-être un peu ambitieux de commencer par ça alors qu’on venait d’arriver et qu’on n’avait pas vraiment dormi depuis 48h mais on ne regrette absolument pas. Ca fait partie de nos plus beaux moments.
Si vous cherchez un trek & nuit authentique à Sa Pa, n’hésitez pas à contacter Mama Sapa par Whatsapp.

Mama Sa Sapa +84 38 691 8188
Indiquez vos dates de séjour souhaité. Si vous arrivez en bus, il faudra lui envoyer une photo de votre bus lorsque vous monterez dedans. Elle sait où il arrive, c’est un peu toujours la même chose venant d’Hanoï. 
Prix : 35$ par personne pour une nuit avec dîner et petit-déjeuner chez elle et déjeuner dans un restaurant de son village + les deux treks guidés (et de l’eau pour recharger sa gourde!). Nous l’avons payée en dongs en faisant la conversion, acheté des petites pochettes confectionnées par les Hmong et laissé un pourboire 

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