Cinnamon eco lodge : agritourisme au Vietnam hors des sentiers battus

A mi-chemin entre les très touristiques Sapa et Ha Giang se trouve un écrin hors des sentiers battus qui marquera votre voyage au Vietnam. Au coeur d’une forêt de cannelle, il est difficile de vivre un meilleur séjour chez l’habitant qu’à Cinnamon ecolodge chez Gioi et Hué. 

C’était le moment qu’on attendait le plus de notre séjour. En préparant notre voyage au Vietnam, nous sommes tombées sur l’article de World Wild Brice (au passage, son blog est une mine d’or!). Il ne montre pas grand chose de l’écolodge mais l’expérience a l’air incroyable. Parfaitement ce qu’on cherchait : de la déconnexion et de l’immersion. Il est possible de choisir plusieurs formules en dormant à Cinnamon ecolodge. Vous pouvez n’y passer qu’une nuit. La zone n’est vraiment pas touristique mais la route entre Sapa et Ha Giang est très empruntée par les motards voyageurs. Ca sera une des seules options pour dormir dans ce coin. Toutefois, même si le logement est super, ça serait passer à côté d’une expérience authentique. Nous avons opté pour la formule 3 jours. On y serait bien resté 5. Voire toute la vie !

Gioi et Hué ont créé l’écolodge il y a 5 ans (dont 2 de Covid). Gioi et la famille de Hué vivent du commerce de la cannelle. Hué est institutrice. C’est surtout Gioi qui s’occupe de la partie tourisme. Passionné de photographie et ultra curieux, il a appris l’anglais au contact des touristes (majoritairement américains jusqu’en 2019). Il connaît toutes les plantes des environs et une bonne partie des villageois. Bref, cet homme est incroyable et est le guide parfait.

Entre rizières et cannelle, découverte des alentours de Cinnamon ecolodge

Après 4-5h de bus depuis Sapa, le chauffeur s’arrête au milieu de rien. Gioi et sa femme sont venus nous chercher en moto au bout du chemin. En s’approchant de leur maison, l’odeur de cannelle est saisissante. Nous sommes en plein coeur d’une forêt de cannelle. Car oui, c’est un arbre dont on enlève l’écorce. Mais nous y reviendrons plus tard.

Premier thé cannelle – gingembre, premier délicieux riz frit cuisiné par Hué, premier smoothie mangue. Le cadre est sublime. On est tout de suite conquises.
Pour cette première demie journée, nous sommes autonomes. On découvre notre magnifique chambre. Après notre nuit affreuse de la veille dans le centre ville de Sapa, on apprécie puissance 1000 le calme, le frais, le linge de lit tout doux de notre chambre. Vous m’avez vue venir. On commence par une grosse sieste parce qu’aussi émerveillées qu’on soit, on est surtout au bout de notre vie.

Le ciel se dégage, on file profiter des alentours. « C’est toujours tout droit après le portail » nous dit Gioi. Bon… Ya quand même quelques petits chemins possibles. Il fait 50000 degrés. La chaleur et l’humidité sont accablantes mais on se balade un peu au hasard. Les paysages sont tellement incroyables qu’on parcourt 5km sans s’en rendre compte. On fait aussi des photos toutes les 5mn. On est quasi seules. On croise quelques locaux assez curieux de voir des étrangères. Pas de doute, ici, on est hors des sentiers battus. On approche de 18h. Le soleil se couche peu à peu sur les rizières. C’est magique.

Cette journée se clôture par un dîner partagé avec la belle famille de Gioi, dans la maison, assis par terre. Un délice à base de riz & pommes de terre comme on a eu à Sapa mais aussi du porc au caramel, des rouleaux de printemps, du poulet citronnelle… Tout est fait maison, ce sont des saveurs qu’on ne retrouve pas dans les restaurants. On partage également le repas avec deux anglais qui voyagent à moto et ont fait un stop pour la nuit. C’est convivial. On trinque à la happy water (alcool de riz) avant un dernier thé puis une belle nuit au son des grillons (et autres bruits non identifiés… C’est la pleine nature…).

Faire un trek à la rencontre des habitants dans les montagnes du Nord du Vietnam

Trek day ! Gioi est en tongs. Mais après Sapa, on ne s’illusionne plus. On sait qu’on va beaucoup marcher. Nous commençons par traverser une forêt de cannelle, en grimpant des montagnes avec dénivelé+++ sinon c’est pas drôle. Les architectures des maisons sont assez étonnantes, parfois en bois sur pilotis, celles de l’ethnie Thai et d’autres qui font assez coloniales. On traverse également pas mal de rizières. Gioi nous explique que chaque famille a une rizière pour lui permettre de se nourrir. Ils ont également tous un potager et pas mal d’animaux, surtout des poulets. Il y a un marché hebdomadaire. C’est là que les minorités se rencontrent. Elles viennent faire le plein de produits pour la semaine car elles vivent dans des endroits très reculés de la montagne. Mais à part ça, et quelques étals dans le « centre ville » mais qui est vite loin pour tous les habitants, tout le monde est quasi auto suffisant.

Les habitants vivent de la cannelle, du bois également. Ici, pas de touristes. Nous sommes les seules étrangères. Tout le monde vient nous dire bonjour, surtout les enfants qui apprennent l’anglais à l’école. Chaque personne rencontrée force le respect. A n’importe quel âge, ils gravissent la montagne pour récolter de l’herbe pour les buffles ou des feuilles pour aromatiser les plats de viande, pour aller nourrir des poulets et cochons haut perchés dans la montagne, ils coupent des branches de on-ne-sait-pas-quoi dans une pente abrupte au possible (toujours en tongs bien sûr), font des énormes tas de feuilles de palmiers pour faire les toits des maisons… Pour nous qui ne savons absolument rien faire de nos 10 doigts, la vie semble rude. Eux semblent si apaisés avec des journées certes exténuantes mais une vie simple.

Nous nous arrêtons pour manger une mangue dans un « magasin » puis dans un home stay chez un homme adorable de 90 ans pour le déjeuner (encore super délicieux. Encore trop de Happy water alors que c’est le midi ! Et même du riz noir qui a trempé dans l’alcool. Mais paraît qu’on ne peut pas refuser…). C’est l’occasion d’en apprendre toujours plus sur leurs traditions et modes de vie. L’homme est super heureux de nous recevoir et n’arrête pas de nous parler. Heureusement que Gioi fait le traducteur. Encore une belle expérience !

Au-delà d’être un super guide, un hôte génial, Gioi est également excellent photographe. Il a appris sur YouTube pendant le confinement. Il s’est équipé d’un bon Nikon et réalise de magnifiques portraits des familles en plus des paysages qui font partie de son quotidien. « Photo photo », il connaît les bons spots. Il n’aime photographier que sous le soleil et adore les visages des vieilles mamies. Au détour de sa cascade plan B (la première n’était pas accessible à cause des pluies de la veille), nous rencontrons d’ailleurs son modèle préféré. Une mamie aux dents noires (une tradition qui ne se fait désormais plus au Vietnam).

18km plus tard (et une portion en voiture), nous revoilà à l’écolodge. A noter qu’on ne vous demande jamais votre niveau physique au Vietnam. En région montagneuse, il y aura toujours un gros dénivelé, sous la chaleur forte et humide si vous voyagez en été. Nous n’avons pas les mêmes notions d’effort ni les mêmes habitudes de prévention sécurité avec les vietnamiens. A vous de savoir si ça correspond à votre forme physique, et à bien vous équiper pour randonner.

A nouveau, la journée se ponctue par un dîner en famille, aux saveurs qui me rappellent ce que j’ai toujours mangé de la cuisine maison de mon père.

Vivre un marché avec les ethnies vietnamiennes

C’est déjà le dernier jour. Et pas des moindres. Rdv à 7h30 du matin avec Gioi pour une matinée toujours plus immersive dans la vie de son village. C’est à cette heure-ci que le marché est le plus animé. C’est le seul moment de la semaine où tous les habitants, même les ethnies les plus reculées, se regroupent. C’est convivial, haut en couleurs. Nous étions à nouveau les seules étrangères. Une attraction de plus dans ce marché déjà bien animé. Gioi est le seul à parler anglais. Il nous sert à nouveau de traducteur lorsqu’on souhaite faire quelques achats.

Comme nous l’avons vu la veille, la plupart des habitants sont quasi auto suffisants avec leur potager, rizière et animaux. Au marché, on trouve pas mal de vêtements (dont beaucoup de contrefaçons de marques. C’est assez drôle de les voir, au milieu de rien, avec un p’tit pantalon Yves St Laurent ou des tongs Chanel), du tissu (j’ai craqué !), pas mal de plantes (sûrement médicinales), des graines, de la nourriture (dont les étals de viande un peu hardcore de bon matin et des animaux vivants).

Nous ponctuons cette expérience authentique avec notre premier vrai petit déjeuner vietnamien : la soupe phó avec vue sur le marché à 8h30 du mat’.

Agritourisme au coeur d’une plantation de cannelle

Avant de repartir prendre le bus pour Hanoï, Gioi nous explique comment se récolte la cannelle. Il nous fait couper un peu d’écorce sur l’arbre puis la polir avec ses outils. A titre indicatif, un morceau d’écorce brut se revend 2€, 7€ s’il est lisse. Gioi et sa famille ne gardent pas la cannelle. Tout est récupéré par une entreprise qui s’occupe de conditionner les bâtons, faire de l’huile. Nous avons tout de même pu lui acheter quelques bâtons de sa cannelle séchée, et nous sommes reparties avec le morceau que nous avons récolté nous-même. Après quelques jours au soleil, ce morceau frais sèche et forme naturellement la forme de bâtons que l’on a l’habitude de voir.
Et vous saviez qu’on peut croquer dans la tige d’une feuille de l’arbre et dans l’écorce fraîche ? Ca donne un goût super épicé voire piquant de cannelle, mélangé à du sucre.

J’ai beau utiliser des superlatifs enthousiastes, aucun récit ne remplacera l’expérience vécue. Ca faisait 4 jours qu’on était au Vietnam, ce séjour à Cinnamon a été tellement intense. Seules étrangères durant 72H, on avait beau ne plus avoir aucun repère dans ce pays qu’on découvrait à peine, on s’est tout de suite senties si bien. Le lieu et ses environs sont paradisiaques. Les rencontres avec les habitants ont été marquantes. C’était également super agréable de se laisser porter par un programme déjà défini durant 3 jours. Gioi a été un hôte exceptionnel. Il parle bien anglais et c’était précieux de pouvoir si bien échanger sur la culture locale, sa vie, ses ressentis. Je ne peux que recommander +++ si vous avez envie d’une vraie immersion dans la vie des vietnamiens du Nord. Toutefois, lorsque les rizières ne sont pas totalement vertes, les paysages risquent d’être un poil moins séduisants. De même, puisque c’est montagneux, hors été, il y a sûrement le risque que ça soit assez brumeux.

A savoir :

• Si vous partez de Sapa en bus, l’arrêt se trouve au niveau du nouveau marché, à côté du Lotus aroma Sapa hôtel. Une fois dans le bus direction Ha Giang, vous donnez l’adresse au chauffeur, il vous arrêtera où il faut (dans tous les cas, Gioi aura été en contact avec la compagnie de bus). On a pas mal stressé sur ce point et eux ne peuvent pas le comprendre car on ne dirait pas, mais tout est super bien organisé
• Le bungalow a une chambre spacieuse avec grande salle de bain et balcon. Les draps et serviettes sont fournis. Les petit dej’ se prennent sur la terrasse du « restaurant/bar », les dîners dans leur maison avec la famille. Il y a une partie des consommations comprises dans le tarif. Pensez à commander en plus un banana / peanut smoothie. Délicieux !!
• Plusieurs formules sont possibles, nous avons opté pour le Tour2 avec le transport depuis Sapa à l’aller et retour Hanoï. Nous avons payé 3 800 000vnd pour deux soit 143€ pour deux nuits, 5 repas chacune et le transport. La réservation se fait par mail. Un acompte en dollars sera demandé (je suis passée par Wise).
• Prenez tout le nécessaire avec vous, il n’y a rien autour. Chaussures de marche, tongs, gourde, casquette… On s’équipe bien pour la rando et le chill.
• Le marché ethnique qui a l’air le plus fou a lieu le dimanche. Si vous souhaitez organiser votre séjour en fonction
• J’ai failli ne pas faire l’article pour garder ce petit paradis secret. Mais Gioi et Hué méritent tellement de se faire connaître de celles et ceux qui souhaitent vivre une expérience vraiment hors des sentiers battus

I hope to go back there one day. Thank you Gioi and Hué and family !