Après avoir goûté aux Rencontres d’Arles l’année dernière, j’avais cette soif de découverte une fois la 47e édition des Rencontres ouverte. Si j’adore immortaliser chaque instant de vie et que je peux passer des heures à regarder des photos, ma culture photographique est, je l’avoue, très mauvaise. Ces 3 mois d’exposition où jeunes talents et artistes confirmés se côtoient est pour moi l’occasion d’apprendre, de découvrir.
Mais ce que j’ai surtout eu l’impression de faire cette année, c’est de voyager. Autant à travers le temps qu’à travers l’espace. 
Retour sur 48h de voyage photographique.

Les expositions

48 heures sont bien nécessaires pour découvrir les expositions. Les Rencontres conseillent même 3 jours. Il faut dire que sous 40° (surtout que peu de lieux d’expo sont climatisés…), mieux vaut prendre son temps. Ce week-end là, chapeau de paille et éventail étaient les accessoires indispensables. Il faut dire aussi que les expositions sont très nombreuses, l’info est dense et il faut prendre le temps d’apprécier chaque lieu et chaque artiste.
Comme d’habitude, il y a à prendre et à laisser. J’ai été déçue par certaines expositions qui, à mon sens, n’ont rien de créatif. On peut ne pas aimer certaines photos mais il y a un travail non négligeable derrière. Quand, par exemple, on expose uniquement les souvenirs de grand-mère trouvés dans le grenier, bon, il faudra m’expliquer la démarche artistique.
Mais l’art est tellement subjectif… Voici la sélection des expos qui m’ont marquée. 
L’année dernière, j’étais tombée amoureuse du Parc des Ateliers, l’ancien atelier SNCF, carrément immense, qui se prête parfaitement au jeu des Rencontres. 
Parmi les coups de coeur, les portraits de Zanele Muholi imprimés sur du papier à base de coton. Sa série d’autoportraits autour de la représentation du « corps noir » dans la photo, ici accessoirisé de coquillages, tissus et autres matières, est totalement hypnotisante. Ses clichés ont une esthétique similaire à des photos de mode. 
L’exposition, très dense, Mauvais Genre, est une bonne surprise. Son auteur, Sébastien Lifshitz nous livre une série de photos chinées un peu partout, sur ces hommes déguisés en femme juste pour le plaisir, sur ce mélange de genre dû au théâtre, aux comédies, aux fêtes populaires.. C’est touchant et ça laisse à réfléchir, tant sur le côté historique de cette évolution du genre que sur des questions de société actuelle.
La petite série de Sarah Waiswa sur les femmes albinos, en Tanzanie notamment, remporte le prix Découverte d’Arles et c’est bien mérité. Le parallèle entre ses photos et un objet réel est plutôt intéressant.
Dans la catégorie WTF, Beni Bischof ne peut laisser insensible. Ce n’est pas de la pure création photographique certes mais c’est vraiment drôle et original. Le Suisse méprise la banalité de la vie et détourne donc le « politiquement correct » de façon totalement burlesque.
Zanele Muholi
Beni Bischof

Garry Winnogrand et Sarah Waiswa
Ceci n’est pas un flamant rose. 

Montres, faites-moi peur !

Hara Kiri

Lauréat du prix LUMA en 2015, Yann Gross vous transportera en Amazonie avec ses beaux clichés à la mise en scène vraiment immersive : le livre de la Jungle. Le premier d’un long voyage si vous commencez votre parcours par le Parc des Ateliers…

Yann Gross

Ne manquez pas les quelques clichés pop et dérangeants de Maurizio Cattelan et Pierpaolo Ferrari de Toilet Paper dans la cour du Parc des Ateliers.

Une fois en centre-ville, les rendez-vous sont multiples. Car les Rencontres photographiques, ce sont aussi une Rencontre singulière avec Arles où l’on vous emmène dans des lieux magiques de la ville. Parfois, on ne sait plus où regarder entre les œuvres des artistes et l’architecture du lieu comme le Cloître St Trophime ou la chapelle des frères Prêcheurs, ma préférée. 
Charles Fréger
Ne manquez pas le monde imaginaire de Charles Fréger. Son exposition est à la fois une rêverie et un cauchemar. Ses monstres nippons ont une esthétique fantastique, au détail près.
Un beau travail sur la lignée des photos mode faites par l’artiste, que l’on a notamment déjà pu voir au Festival d’Hyères en 2013 pour Lacoste 

Autre voyage marquant des Rencontres, celui d’Hans Silvester qui nous emmène en Ethiopie, à la rencontre du peuple bench. Lorsque vous rentrez dans la chapelle Méjean, vous verrez que les commentaires sur les expos sont plus qu’enthousiastes. Je suis ressortie avec le même sentiment grâce à cette série de photos qui donne juste envie de prendre son billet d’avion. 
Cette communauté vit de choses simples : d’élevage mais rarement plus de 6 bêtes, d’art en peignant les maisons avec des motifs magnifiques, de moments conviviaux comme la construction des toits des maisons où tout le monde s’entraide et prend du bon temps… Les paysages sont superbes, les habitants sont attachants… Un vrai coup de coeur.
Hans Silvester

A retrouver également dans cette chapelle, quelques clichés de William Klein, également vu cette année au Festival d’Hyères. Décidément !

Un des temps forts de ces Rencontres, c’est celle avec les clichés de Don McCullin à l’église Ste Anne sur la place de la République. Don est connu pour ses photos de guerre mais offre ici des clichés de gangs londoniens, de construction de mur de Berlin, de paysages, de sans-abris. Ce ne sont pas des photos de guerre mais le côté sombre est très présent. Les clichés sont profonds, chaque personnage pris en photo a vraiment de la gueule, notamment ce sans-abris ci-dessous. Marquant. 

Pour faire honneur au lieu d’accueil des Rencontres, la Camargue est joliment valorisée. Ici, pas de réelle création photographique mais des extraits de films tournés en Camargue notamment aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Un joli voyage dans le temps qui donne envie de parcourir quelques kilomètres pour aller se balader sur ces terres sauvages à cheval. Western Camarguais était exposé jusqu’au 28 août à la Chapelle des frères Prêcheurs, mon lieu d’expo favori où l’on trouvait l’année dernière M et Martin Parr

Arles, ville arty surtout en cette saison, regorge de galeries sympas. Parmi elles, il y a le Magasin de Jouets. Jusqu’au 15 septembre, c’est le magazine Fisheye qui l’investit et met en valeur les nouveaux talents en vogue du moment. Pour mon plus grand plaisir on y retrouve Théo Gosselin mais aussi Brice Portolano dont je vous parlais déjà sur cet article. Le travail des autres jeunes photographes présentés est également très cool. A ne pas manquer si vous êtes sur Arles les prochains jours. 

Manger à Arles

Le BaràVin : Deux ans plus tard, le BaràVin est toujours une bonne adresse pour déguster la sélection de bons vins. La carte y est simple mais efficace. Le croque-monsieur au comté est très très bon ! 
40 rue des Arènes
Le Criquet : Ce n’est pas l’adresse la plus tendance niveau déco d’Arles mais sûrement la meilleure. Parmi les premières sur Tripadvisor, on l’a découverte sur My Provence Bons Plans; le site qui répertorie les bonnes adresses des résidents des Bouches-du-Rhône. Les conseils étaient avisés. C’est une tuerie. Artichaut farci au chèvre en entrée, daube camarguaise en plat… Vous serez déjà plus que rassasiés et totalement conquis. Cette adresse est une institution depuis des années. A l’époque, la tenancière était un personnage à part et n’hésitait pas à virer les gens pour le 2e service, il y avait une réelle file d’attente devant le restaurant. Désormais, une adorable famille a repris le lieu et des clients reviennent avec des photos d’il y a 40 ans tellement le restaurant les a marqués. Si maintenant le personnel est plus que chaleureux, la qualité est la même. En plus pour les beaux jours, il y a une terrasse très sympa. Mais pensez à réserver…
21, rue Porte de Laure
04 90 96 80 51
Le Bistro d’A côté par Jean-Luc Rabanel : Juste à côté de l’Atelier, le restaurant gastronomique, il y a le bistrot du chef Jean-Luc Rabanel. Ici, la rock-star des fourneaux (que vous avez pu apercevoir dans Top Chef d’ailleurs), totalement passionné du produit frais, propose une cuisine plutôt traditionnelle mais avec une touche en plus, sur le goût, la présentation, qui fait que le bistro est un très très bon restaurant. Côté prix, comptez 32€ pour le menu retour de marché. Presque donné quand on voit la qualité des produits ! 
21, rue des Carmes
04 90 47 61 13


L’Estello : le petit bonus. L’Estello a animé Arles durant tout l’été avec son rooftop sur le toit du parking des Lices. Une déco récup en bois, une prog’ musicale très très cool (Laurent Garnier en closing. Bon. Pas la peine d’en dire davantage, vous voyez le niveau), du bon vin et de troooop bons plats. Le sandwich avec bun riz – sauce cacahuète soja – crudités – poulet yakitori était une tuerie. 
Le lieu a fêté son closing le 28 mais on croise fort les doigts pour que le lieu éphémère ait une saison 2 l’été prochain.

Dormir à Arles

Deux ans que cet hôtel arty me faisait envie; depuis la première fois où j’ai seulement vu son entrée… 
Deux ans plus tard, l’hôtel du Cloître fut mon petit nid pour la nuit (#meilleurcopaindumonde #niaise). Pour faire simple, tout est beau dans cet hôtel : le sol en granit, le sol aux carreaux cassés noirs aux touches bleues et jaunes, la tête de lit pop, les murs bleus-gris, les vestiges de pierres apparentes, tout le mobilier passant de la table basse, aux luminaires, aux fauteuils. L’entrée se fait côté rue du Cloître avec la jolie terrasse enguirlandée de l’Ouvre-Boîte. Il y a également un toit-terrasse pour profiter de la vue sur le clocher de l’église St Trophime. Le personnel est très sympathique et plein de bonnes adresses.
« Vous êtes ici chez vous ». Si seulement c’était vrai haha…
Hôtel du Cloître
18, rue du Cloître

Rdv ici pour retrouver le programme des Rencontres. Attention, certaines se sont terminées le 28 août. 
Et vous, quelles ont été vos expositions préférées ? Et quelles sont vos bonnes adresses arlésiennes ?
Julie

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